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Expérience de "sieste acoustique"

En ce jour un peu particulier, j'ai éprouvé le besoin de me soulager d'un quotidien un peu lourd... et j'ai trouvé ce petit coup de pouce dans le cocon de la Maison de la poésie, qui proposait une "sieste acoustique autour de l'oeuvre d'Henri Michaux".

J'ai savouré cette plongée dans l'univers de cet auteur, toujours curieux d'élargir son champ de conscience et de retranscrire des états inexplorés. Lumière tamisée, musique de cinq excellents interprètes se répondant, marriant leurs instruments, leurs voix, disant, scandant, chantant, nous propulsant parfois au coeur d'un road-movie, un peu à la Jarmush (selon ma perception)... Jolie petite alchimie qui opère sur les corps enchevétrés et alanguis de l'auditoire pour certains allongés sur la scène, ou assis. Certains dorment (de légers ronronnements en attestent), d'autres rêvent éveillés, ou rient discrètement, ou... Chacun vit un voyage très personnel. Et c'est cela qui est beau: l'expérience commune qui laisse vivre la singularité de chacun, dans la bienveillance.

D'autres siestes sont organisées dans les mois à venir et je ne peux que vous recommander ces lieux d'abandon partagé et ressourçant.

Sieste littéraire

Siestes acoustiques autour de l’œuvre d’Henri Michaux

 

Siestes acoustiques autour de l’œuvre d’Henri Michaux

Avec Bastien Lallemant, Maëva Le Berre, JP Nataf & Seb Martel, Lecture par Pierre Baux - En collaboration avec Colibris

 

Régulièrement, la Maison de la Poésie invite Bastien Lallemant et ses complices musiciens à inventer une sieste littéraire – ou un concert acoustique mêlé de lectures, à découvrir allongé confortablement, dans la pénombre, et se laisser bercer. Une expérience d’écoute inédite pour laquelle il n’est pas interdit de s’endormir. Cette sieste s’articule autour de la figure du poète Henri Michaux.

Ici, extrait d'un des textes choisis par nos berceurs du jour...

"Ralentie, on tâte le pouls des choses; on y ronfle; on a tout le temps; tranquillement, toute la vie.
On gobe les sons, on les gobe tranquillement; toute la vie.
On vit dans son soulier.
On y fait le ménage.
On n'a plus besoin de se serrer.
On a tout le temps.
On déguste.
On rit dans son poing.
On ne croit plus qu'on sait.
On n'a plus besoin de compter.
On est heureuse en buvant; on est heureuse en ne buvant pas.
On est, on a le temps.
On est la ralentie.
On est sortie des courants d'air.
On a le sourire du sabot.
On n'est plus fatiguée.
On n'est plus touchée.
On a des genoux au bout des pieds.
On n'a plus honte sous la cloche.
On a vendu ses monts.
On a posé son œuf, on a posé ses nerfs.

Quelqu'un dit.
Quelqu'un n'est plus fatigué.
Quelqu'un n'écoute plus.
Quelqu'un n'a plus besoin d'aide.
Quelqu'un n'est plus tendu.
Quelqu'un n'attend plus.
L'un crie.
L'autre obstacle.
Quelqu'un roule, dort, coud, est-ce toi,
Lorellou?"

Extrait de La ralentie, tiré de PLUME précédé de LOINTAIN INTERIEUR de Henri MICHAUX

 

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